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FIFA: Réforme de la gouvernance du football

Hei meng Ried zum Rapport iwwert d’Skandaler ronderëm d’Désignatioun vum Qatar fir d’Futtballweltmeeschterschaft 2022 auszedroen.

Stroosbuerg, den 23.4.2015

FIFA M. le Président, En tant que Luxembourgeois je me sens un peu drôle de parler football après les orateurs de ces grandes nations du football la France, l’Espagne et l’Angleterre… néanmoins, notre équipe luxembourgeoise n’est pas à sous-estimer, les collègues suisses et italiens pourront vous le confirmer….

M. le Président,

Le football et le sport en général occupent une place importante dans la vie de nombreux citoyens. Ce sont surtout les grands évènements sportifs, tels la coupe du monde de football qui attirent l’attention des masses. Il est donc évident que cela suscite des convoitises du côté des pays notamment auprès des dirigeants politiques. Le sport devient ainsi un outil politique populaire et outres les retombées économiques, les dirigeants politiques des pays organisateurs d’évènements à échelle mondiale en espèrent également des effets politiques. Dans l’histoire, de nombreux exemples nous démontrent comment le sport a servi à des fins politiques. Cela n’a pas seulement été le cas pour les jeux olympiques de 1936 mais également plus récemment lors des jeux olympiques de Sotchi en Russie.

« Ne mélangeons pas sport, politique et droits de l’homme ! » s’écrient tous ceux qui voient d’un mauvais œil toute intervention politique en faveur du respect des droits de l’homme. Or, une telle dissociation est illusoire. Le sport, et surtout les compétitions à haut niveau, sont toujours porteurs de messages. Ignorer les conditions politiques et humaines qui entourent ces événements sportifs n’est pas un acte de neutralité politique. C’est un acte d’indifférence qui entache les valeurs communément associées au sport: le respect, le fair-play, le refus de la tricherie et de la commercialisation à outrance. Un pays, une ville qui accueille un événement sportif important et les personnalités politiques qui veulent profiter du prestige associé à cet événement, devraient s’en montrer dignes.

Les grandes organisations et fédérations internationales du monde sportif en sont bien conscientes. Elles savent quels sont les enjeux qui accompagnent la désignation d’un pays pour la tenue d’une coupe du monde ou de jeux olympiques. Ces décisions sont donc délicates et difficiles. Pour cette raison, ces décisions doivent être prises en toute transparence et elles doivent être au-dessus de tout soupçon pour ce qui est de la corruption.

Malheureusement la désignation du Qatar pour la tenue de la coupe du monde de football en 2022 ne remplit pas ces critères. Il existe à ce jour toujours des doutes quant à la régularité du processus de décision interne de la FIFA. Des documents publiés notamment dans le Sunday Times nourrissent le doute que la décision est entachée d’irrégularité voire qu’il y a eu corruption.

Heureusement nous voyons également au sein de l’UEFA par exemple des personnalités intègres et de nombreuses fédérations nationales qui s’opposent à ces pratiques. Nous devons les soutenir dans leurs efforts pour combattre la corruption et les pots-de-vin et également œuvrer pour plus de transparence au sein des fédérations internationales sportives.

Le rapport traite de ces soupçons et de ces irrégularités à la juste manière et pour cela il me faut féliciter le rapporteur. M. Connarty.

Plus important encore et cela nous implique encore d’avantage en tant que Conseil de l’Europe, est le fait que ce rapport pointe du doigt les conditions inhumaines infligées aux travailleurs engagés sur les sites de construction au Qatar. Ces travailleurs pour la grande majorité des travailleurs immigrés subissent un traitement inhumain, sont mal payés, vivent dans des camps surpeuplés et malsains. Le rapport parle pertinemment d’une enfreinte à la dignité humaine et aux droits fondamentaux de ces quelques 1,4 Millions de travailleurs. Et oui le rapporteur a raison de parler d’une forme d’esclavage moderne et cela ne devrait pas nous laisser indifférents.

La FIFA est puissante et peut si elle le veut exercer une grande influence sur les pays qui veulent accueillir les compétitions. Elle doit faire usage de cette influence, de sa force et réclamer avec fermeté du Qatar à ce qu’il respecte la dignité humaine des travailleurs engagés sur ses sites.

Je ne vois dans ce rapport pas uniquement une critique ouverte à l’encontre de la FIFA, mais également un encouragement à nos fédérations nationales et à l’UEFA de continuer à œuvrer pour plus de transparence dans les mécanismes de décision.

En tant qu’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe, nous devons rappeler aux fédérations du sport international qu’elles aussi ont des obligations par rapport aux droits de l’homme. Pour cette raison j’appelle à soutenir ce rapport et le rapporteur et je soutiens la demande à la Fifa de relancer la procédure pour la désignation de la coupe du monde de 2022.

Den integrale Rapport

Yves CRUCHTEN, Luxembourg

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